Qu’est-ce que le portage salarial ?

Avec le portage salarial, combinez liberté professionnelle et protection sociale complète. Ce statut malin séduit de plus en plus de freelances et consultants qui veulent travailler à leur rythme tout en bénéficiant d’une couverture solide. Mais concrètement, qu’est-ce que le portage salarial ? Et comment ça marche ? Décryptage complet d’une solution en plein essor.

Si 90 % des travailleurs indépendants le sont par choix (exercer un métier-passion, devenir son propre patron…), plus de la moitié déplore un manque de couverture sociale (source). 

Travailler en freelance offre une grande liberté, c’est vrai, mais l’absence de sécurité et de garanties peut rapidement devenir un frein, une sorte d’épée de Damoclès qui plane au-dessus des têtes… Aucun droit au chômage, une couverture santé ou accident du travail minimaliste, une retraite incertaine, etc. Liberté et sérénité ne vont pas toujours de pair !

Pourtant, il existe une alternative qui combine l’autonomie du freelance avec la sécurité du salariat : le portage salarial. Encore assez méconnu, ce statut séduit de plus en plus d’indépendants en quête de flexibilité et de protection sociale. Mais qu’est-ce que le portage salarial, exactement ? Et comment cela fonctionne-t-il ? Décryptage dans ce guide !

Définition et principes du portage salarial

Le portage salarial est une relation contractuelle tripartite entre le salarié porté, la société de portage et l’entreprise cliente. Le travailleur indépendant signe un contrat de travail (CDD ou CDI) avec la société de portage, qui gère la partie administrative de son activité moyennant des frais et commissions. Il réalise une mission définie pour l’entreprise cliente, sans en devenir salarié, et tout en conservant les avantages du salariat : protection sociale, retraite et assurance chômage notamment.

Une alternative entre salariat et entrepreneuriat

Le portage salarial est un statut hybride qui combine le meilleur des deux mondes : l’autonomie d’un freelance et les avantages du salariat. Le consultant porté reste libre dans le choix de ses missions, de ses clients et de ses tarifs. Cependant, contrairement à un travailleur indépendant classique, il bénéficie d’un contrat de travail et d’une protection sociale complète : assurance maladie, retraite, prévoyance, et même droit au chômage.

En résumé, le consultant porté est salarié d’une société de portage, mais exerce son activité en toute autonomie. Cette solution séduit de plus en plus de freelances et cadres en reconversion qui cherchent à sécuriser leur parcours professionnel sans perdre leur liberté d’action.

Les acteurs du portage salarial

Le salarié porté

Le salarié porté est un travailleur indépendant ou freelance (souvent consultant) qui confie la gestion administrative de son activité à une société de portage salarial. Son rôle est de rechercher des missions, négocier ses prestations et réaliser les tâches confiées par l’entreprise cliente. Il conserve ainsi une grande autonomie professionnelle, tout en étant couvert par un contrat de travail en CDD ou en CDI.

La société de portage

La société de portage joue un rôle clé dans cette relation tripartite. Elle agit comme intermédiaire entre le consultant et l’entreprise cliente. Ses principales missions :

  • Établir les contrats de prestation avec les entreprises clientes ;
  • Facturer les prestations et régler un salaire net au consultant porté ;
  • Gérer les cotisations sociales, les frais professionnels, et fournir une assistance juridique en cas de besoin.

 

En échange de ses services, elle prélève des frais de gestion, forfaitaires ou proportionnels au montant facturé à l’entreprise cliente, souvent compris entre 2 % et 10 % du chiffre d’affaires généré.

L’entreprise cliente

L’entreprise cliente est le commanditaire de la mission. Elle signe un contrat de prestation avec la société de portage, qui définit les conditions de collaboration (durée, objectifs, tarifs…). Le consultant réalise la mission, mais ne devient jamais salarié de l’entreprise cliente. Une relation tripartite qui garantit une clarté juridique pour chacune des parties.

Le cadre légal du portage salarial : textes de lois et convention collective

Le portage salarial repose sur un cadre légal solide. Il est reconnu depuis la loi de 2008, puis renforcé par l’ordonnance de 2015, qui en précise les contours. 

Ce statut est désormais inscrit dans le Code du travail (articles L.1254-1 et suivants). Une convention collective spécifique, adoptée en 2017, encadre les droits et obligations du salarié porté et de la société de portage, avec pour objectif d’assurer la protection nécessaire aux consultants.

Comment fonctionne le portage salarial ?

Le portage salarial est plus qu’un simple accord contractuel. C’est une mécanique précise qui vous permet de vous concentrer sur l’essentiel : vos missions. Pour bien comprendre son fonctionnement, voici les 6 grandes étapes, de la recherche de mission jusqu’à la réception de votre salaire.

Le processus en 6 étapes-clés

1. Rechercher une mission

La première étape consiste à trouver des missions adaptées à vos compétences et à vos objectifs. Vous restez totalement libre de choisir vos clients, vos projets et vos tarifs. Vous pouvez prospecter via votre réseau personnel, des plateformes spécialisées (Malt, La Crème de la Crème, Le Hibou…), par le bouche-à-oreille, etc.

Bon à savoir : certaines sociétés de portage vous accompagnent dans votre prospection commerciale ou vous donnent même accès à leur réseau d’entreprises clientes.

2. Valider les modalités de la mission

Une fois la mission identifiée, vient le temps de définir les termes de la collaboration avec l’entreprise cliente. Cela passe par plusieurs points clés :

  • Définir les objectifs précis de la mission : Qu’attend l’entreprise ? Quels livrables doivent être fournis ?
  • Fixer les conditions financières : déterminer le tarif journalier ou forfaitaire dû par l’entreprise
  • Clarifier les conditions d’exécution : travail à distance ou sur site, horaires, outils fournis, etc.

 

Le fait de proposer le portage salarial intervient généralement lors des premières discussions avec l’entreprise cliente. Si celle-ci n’a jamais collaboré avec un consultant en portage salarial, il est important d’expliquer ce fonctionnement avant d’entrer dans les détails contractuels.

Bon à savoir : certaines entreprises peuvent ne pas être familières avec le portage salarial et hésiter. C’est l’occasion de les rassurer en mettant en avant la clarté juridique et la flexibilité du contrat de prestation.

3. Signer les contrats

Une fois la mission validée et les termes de celle-ci acceptés, deux contrats essentiels sont signés :

  • Un contrat de travail (CDD ou CDI) entre le freelance et la société de portage ;
  • Un contrat de prestation entre la société de portage et l’entreprise cliente, qui reprend les modalités de la mission (durée, objectifs, rémunération…).

 

C’est à partir de ce moment que la société de portage devient votre employeur officiel.

4. Réaliser la mission pour l’entreprise cliente

Une fois les contrats signés, vous démarrez la mission avec l’entreprise cliente. Vous travaillez de manière autonome, selon les conditions prévues dans le contrat de prestation. Vous organisez votre temps, vos méthodes et vos outils. La société de portage reste en retrait et n’intervient que si des ajustements administratifs sont nécessaires.

5. Établir la facturation

C’est la société de portage qui se charge d’émettre les factures à l’entreprise cliente. Vous n’avez aucune démarche à effectuer. Chaque mois, vous suivez votre chiffre d’affaires généré (selon votre TJM ou tarif forfaitaire) et transmettez vos frais professionnels à la société de portage. Cette dernière déduit ses frais de gestion, les charges sociales, et calcule votre salaire brut.

Conseil d’expert : pensez à bien déclarer vos frais professionnels (déplacement, matériel…), car cela peut optimiser votre salaire net.

6. Recevoir votre salaire net

Enfin, vous recevez votre salaire net, directement versé par la société de portage. Le montant correspond à votre chiffre d’affaires, déduit des charges sociales, des cotisations patronales, des frais de gestion et de votre impôt à la source, le cas échéant. Contrairement à un freelance classique, vous obtenez un bulletin de paie chaque mois et une protection sociale complète.

Le rôle-clé des frais professionnels

En portage salarial, déclarer ses frais professionnels est essentiel pour optimiser ses revenus. Ces frais, directement liés à l’activité du consultant, sont remboursés intégralement par la société de portage. Cela permet de réduire la base imposable et d’augmenter le salaire net. 

Parmi les frais les plus courants, on retrouve : les déplacements professionnels (billets de train, frais kilométriques), l’achat de matériel informatique, les licences logicielles ou encore l’abonnement à des espaces de coworking.

Chaque consultant peut adapter sa déclaration en fonction de ses besoins, sous réserve de fournir des justificatifs. Bien gérer ses frais professionnels est donc une stratégie qu’il ne faut pas sous-estimer pour maximiser ses revenus. Car ces frais ne sont pas simplement déductibles : ils sont remboursés en complément du salaire, et offrent ainsi une meilleure visibilité financière sur chaque mission.

Le portage salarial : pour quels types de missions et quels secteurs ?

Le portage salarial est une solution aussi souple que sécurisante, mais dans les faits, il n’est pas forcément adapté à toutes les situations.

Un mode de fonctionnement idéal pour les missions longues ou récurrentes

Le portage salarial fonctionne particulièrement bien pour des missions longues ou récurrentes, missions pour lesquelles la protection sociale et une gestion simplifiée de l’administratif prennent tout leur sens. 

Les missions très courtes, en revanche, peuvent être moins propices au portage salarial. Elles impliquent en effet pour les sociétés de portage autant de formalités administratives que les missions longues, pour un « bénéfice » souvent limité. Ces démarches peuvent paraître disproportionnées pour une mission de quelques jours seulement…

Les secteurs concernés par le portage salarial

Le portage salarial est particulièrement prisé dans les secteurs où les prestations intellectuelles et les missions de conseil sont dominantes. Par exemple :

  • Conseil et expertise (RH, finance, IT, etc.)
  • Formation professionnelle
  • Ingénierie et prestations techniques
  • Marketing et communication
  • Traduction et rédaction
  • Développement web et design UX/UI
  • Événementiel et organisation de projets

Les droits et obligations du salarié porté

Le statut de salarié porté combine droits sociaux et obligations contractuelles spécifiques. Il offre certes un cadre structurant, mais impose aussi des responsabilités, envers la société de portage comme envers l’entreprise cliente.

Le statut du salarié porté

En tant que salarié porté, le consultant bénéficie de droits équivalents à ceux d’un salarié classique, mais avec des spécificités liées à son autonomie. Ces droits sont notamment :

  • Une couverture sociale complète : le salarié porté est affilié au régime général de la Sécurité Sociale. Il bénéficie donc d’une assurance maladie, d’indemnités journalières en cas d’arrêt de travail et d’une prise en charge des frais médicaux.
  • Une cotisation au régime général des retraites : tandis que le travailleur indépendant « classique » cotise à des régimes spécifiques (SSI, CNAVPL…), le salarié porté bénéficie du régime général des salariés. Ce régime implique une validation plus systématique des trimestres et permet d’accéder à une retraite souvent plus avantageuse.
  • Une prévoyance obligatoire : grâce à la convention collective du portage salarial, le salarié porté accède à une assurance prévoyance obligatoire qui couvre les risques liés aux accidents de la vie ou à une invalidité.

 

Ce statut protège également contre les aléas de l’activité : le salarié porté peut accéder à l’assurance chômage en cas de rupture de mission ou d’inactivité prolongée, sous réserve de remplir les conditions nécessaires, en fonction de son contrat de travail (CDD ou CDI).

Les obligations du salarié porté

La page https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F31620 précise un certain nombre d’obligations qui s’imposent au salarié porté.

Toute personne disposant de l’expertise, de l’autonomie et des compétences nécessaires pour trouver ses clients peut devenir salarié porté.

Le salarié porté doit avoir une qualification professionnelle de niveau 5 (Bac +2) ou justifier d’au moins 3 ans d’expérience dans le secteur d’activité concerné. Il est responsable de négocier les conditions de sa prestation et d’en fixer le prix avec l’entreprise cliente.

Le choix de la société de portage lui revient librement. Il fournit la prestation à l’entreprise cliente et transmet un compte rendu d’activité à la société de portage au moins une fois par mois.

Par ailleurs, le salarié porté doit respecter les règles internes de la société de portage, notamment la signature d’un contrat de travail (CDD ou CDI) qui formalise la relation. Il transmet régulièrement les éléments administratifs (contrats signés, justificatifs de frais, suivi des missions…), respecte les délais de facturation.

Il est enfin responsable de la facturation, en fournissant les éléments nécessaires à l’émission de factures conformes. Pour le remboursement des frais professionnels, chaque dépense doit être justifiée et validée, à condition d’être directement liée à la mission.

Portage salarial ou micro-entreprise : quelles différences ?

Lorsqu’un freelance se lance dans une activité indépendante, la question du choix entre ces deux statuts peut se poser. Pour y voir plus clair, voici un résumé objectif des points de différences.

Portage salarial ou micro-entreprise : quelles différences ?

Ce qu’il faut retenir sur le portage salarial

Le portage salarial constitue un statut alternatif qui sécurise les freelances et consultants en quête de liberté, sans renoncer à une protection sociale complète. Il combine les avantages du salariat et l’autonomie de l’entrepreneuriat : une solution flexible et adaptée aux missions longues ou récurrentes principalement.

Contrairement au statut de micro-entrepreneur, il permet de bénéficier d’une couverture sociale solide, d’un accès à l’assurance chômage, et d’une gestion administrative prise en charge par la société de portage, moyennant des frais et commissions.

Questions fréquentes : le portage salarial en pratique

Qui peut devenir salarié porté ?

Toute personne ayant une expertise et une autonomie professionnelle peut devenir salarié porté. Il est nécessaire d’avoir une qualification Bac +2 ou 3 ans d’expérience dans son domaine d’activité.

Quel contrat en portage salarial ?

Le salarié porté signe un contrat de travail (CDD ou CDI) avec la société de portage. La mission est encadrée par un contrat de prestation entre la société et l’entreprise cliente.

Quels sont les frais de gestion en portage salarial ?

Les sociétés de portage prélèvent des frais de gestion sur le chiffre d’affaires du consultant. Ces frais varient généralement entre 5% et 10% (parfois un peu moins, parfois un peu plus), selon les services proposés.

Peut-on déduire des frais professionnels ?

Oui. Les frais liés à l’activité (déplacements, matériel, logiciels…) sont remboursés s’ils sont justifiés et validés par la société de portage, ce qui augmente mécaniquement le salaire net.

Le portage salarial donne-t-il accès à l’assurance chômage ?

Oui, sous certaines conditions. Le salarié porté bénéficie du régime général d’assurance chômage s’il remplit les critères d’éligibilité (durée de cotisation, fin de contrat).

Le portage salarial est-il adapté aux missions courtes ?

Le portage est plus pertinent pour les missions longues ou récurrentes, car les démarches administratives peuvent sembler lourdes pour une mission de seulement quelques jours ou quelques centaines d’euros.

Quelle est la différence avec la micro-entreprise ?

Le portage offre une protection sociale large (retraite, chômage, prévoyance) et une gestion administrative simplifiée, tandis que la micro-entreprise implique une gestion autonome avec une protection sociale limitée.

Quels secteurs sont concernés par le portage salarial ?

Le portage salarial est idéal pour les consultants en informatique, finance, marketing, ingénierie, formation professionnelle et autres prestations intellectuelles. Il s’adapte bien aux secteurs qui nécessitent conseil ou expertise technique.

A lire aussi

Guides

Bien choisir sa société de portage salarial

Nous vous guidons pas à pas dans le choix de votre société de portage salarial

Lire l'article
Guides

Tout pour se lancer en portage salarial

Votre choix est fait ? Voici comment vous lancer en portage salarial

Lire l'article
Guides

Avantages et inconvénients du portage salarial

Pesez le pour et le contre du portage salarial avant de vous lancer !

Lire l'article